En lisant récemment une brochure
préparée par la coalition pour le contrôle des armes à feu, il m’est apparu
important de rectifier les faits. Cette coalition veut l’abolition pur et
simple des armes à feu à des fins civiles (chasse, compétitions, tir à la
cible) et elle est prête à tout pour faire passer son message.
Mensonges, demi-vérités, chiffres
manipulés ou provenant de ressources non référencées, tout les moyens
malhonnêtes sont bons pour y arriver.
Une question s’est alors imposée
à moi : s’il était si évident que les armes à feu sont la cause des
problèmes de violence – notamment de la violence faite aux femmes – ne serait-il
pas plus simple et efficace de simplement dire la vérité? L’épreuve des faits
ne devrait-il pas à lui seul faire le travail? Si ce n’est pas le cas, si
devant la réalité ils ont besoin d’artifices, c’est que nous sommes bien ici en
présence d’un lobby dogmatique utilisant des tactiques douteuses.
Le monde des armes à feu est
méconnu pour les néophytes. Il est donc facile de s’en tirer en utilisant la
peur. La coalition l’a compris et en tire profit. La coalition vous ment, mais je
tiens à rétablir les faits pour que les décisions se prennent en connaissance
de cause.
Les statistiques : les armes longues
Tout au long de la brochure,
ainsi que sur leur site, des chiffres trompeurs donnent l’impression qu’il y a
un fléau d’homicide avec armes longues au Canada. Par exemple, la coalition dit
que « lorsqu’un conjoint est tué
par arme à feu, il s’agit d’une arme longue dans 72% des cas ». Ce haut
pourcentage donne l’impression d’une hémorragie de meurtres à l’arme longue.
Voici les chiffres :
« Au Canada, en 2009, 72 %
des victimes masculines d’un homicide conjugal ont été tuées avec un couteau et
11 % l'ont été avec une arme à feu. Par contraste, les victimes féminines ont
été tuées avec une arme à feu (26 %), suivie d’un couteau (22 %), de
l'étranglement (22 %) et des coups (16 %). »
Combien donc d’homicide d’un
conjoint par arme longue en 2009?
9.
Au Canada en entier!
Trop bien sûr, mais ce n’est l’image
que donne le chiffre « 72% des cas ».
Les statistiques : la réduction des cas
Dans la même brochure, la
coalition écrit : « Depuis 1995, quand le contrôle des armes à feu à
commencé, les cas d’homicides conjugaux ont diminués de 69% ».
C’est en partie vrai. Mais ceci
donne l’impression que la courbe descendante a débuté en 1995 et qu’elle est
attribuable au contrôle sur les armes à feu.
Voici les chiffres :
« Au Canada, en 2009, le
taux d'homicides sur une conjointe était le tiers de celui observé en 1979.
Cette diminution serait en partie attribuable à la plus grande disponibilité
des ressources offertes aux femmes victimes de violence, à la sensibilisation
accrue du public, à une meilleure situation socioéconomique des femmes leur
permettant de quitter plus rapidement une relation violente et aux
changements de politiques relatifs au contrôle des armes à feu. »
C’est bien 69% de réduction, mais
depuis 1979! Bien avant que le contrôle sur les armes à feu ait commencé.
A-t-il aidé? Difficile à dire puisqu’il y a plusieurs éléments en cause ici,
mais de 1979 à 1995, le courbe était amorcé et ce, sans aucun contrôle.
Les statistiques : autre
J’ai trouvé de telles anomalies,
pour ne pas dire mensonges, dans toutes les statistiques présentées. Je ne vais
pas les présenter une à une, mais je vous invite à les vérifier.
Wendy Cukier
Pour bien comprendre la raison d’être de ce
mouvement, il faut comprendre sa fondatrice et activiste, Wendy Cukier. Elle
est une académicienne reconnue dans les secteurs scientifiques, marketing et TI
ainsi qu’en histoire social et culturel. En aucun cas elle n’est une experte
dans le domaine des armes à feu et, à ma connaissance, elle n’est jamais venue
vérifier la réalité sur le terrain avec des experts en ce domaine.
En d’autres mots, son discours s’articule
autours de l’intellectualisation d’un problème qu’elle ne connait pas au niveau
pratique. Elle a été, de ses propres mots, horrifié par le drame de Polytechnique
et, par réaction émotive, a fondé la coalition en question. Elle s’est donc
créé un poste pour promouvoir ses vues qui, à terme, imposent à d’autres ses
convictions. Même si le mensonge est un moyen d’y parvenir.
Violence conjugale
La violence conjugale est bien sûr un fléau qu’il
faut combattre. Par contre, attaquer les armes à feu dans ce contexte, c’est
viser la mauvaise cible. Si la coalition était réellement soucieuse d’aider à
enrayer ce phénomène, elle s’attaquerait aux vrais problèmes, n’est-ce pas?
Pourtant, en aucun moment cette organisation ne parle ni ne demande de
meilleures ressources en santé mentale, ni une meilleure éducation sociale,
autant pour les hommes que pour les femmes. Il est prouvé que dans les pays
émergents, pour contrer la pauvreté, la violence, la faim et bien d’autres
problèmes, il faut commencer par redonner pouvoir et éducation aux femmes.
Que nous propose la coalition? Poser en victimes les femmes en leur
retirant leur pouvoir d’action, ignorer l’éducation de tous pour une société
plus saine, ne pas aborder le problème criant en santé mentale et attaquer
quelques millions de propriétaires responsables et respectueux des femmes, des
lois et de la vie comme la source probable du Mal.
Il ne faut pas aller loin dans notre mémoire collective pour penser à une
situation malheureuse où la violence conjugale a connu le summum de l’horreur
sans qu’une arme à feu ne soit utilisée. Posons la question de façon crue et claire :
si une arme à feu avait été utilisée dans ce cas, est-ce que ce drame aurait
été plus ou moins horrible? La réponse, évidemment, nous permet de comprendre
que l’outil utilisé ne change en rien la situation et que sa disponibilité n’est
pas une cause de violence.
Un dernier point sur le sujet : qu’est-ce qu’une personne violente
fait en possession d’armes à feu? Jamais dans le discours du groupe de pression
la question n’est posée. Pourtant c’est un élément central. Si la coalition
était vraiment sérieuse et honnête, elle demanderait de retirer les armes à feu
des milieux violents tout en laissant les citoyens pacifiques jouir de leurs
droits et libertés. L’idée de punir les gens honnêtes pour les gestes de
criminels est une aberration et un aveu d’incompétence.
L’accès facile
La coalition pour le contrôle des armes à feu veut vous faire croire que
l’accès aux armes à feu est facile. Au Canada, l’accès n’est ni facile, ni
rapide. Entre le moment où j’ai décidé de me procurer un permis et le moment où
j’ai pu tenir en main ma première arme à feu, il à fallu 10 mois.
Pendant ce temps, j’ai dû passer 5 cours distincts, avec examen, pour les
différentes classes d’armes et les différentes activités qui m’intéressaient. J’ai
dû me soumettre à une enquête de type criminelle par la Sûreté du Québec pour
vérifier mes antécédents, ma conjointe a été interviewée et j’ai dû rencontrer
un policier en face à face.
Depuis, je sais que je suis soumis quotidiennement aux contrôles de la
GRC.
Les droits de la minorité
La coalition parle des revendications pour des lois plus sensées sur les
armes à feu au Canada en ces termes : « Une minorité articulée qui
revendique le droit d’avoir des armes sans contrôle et sans responsabilité ».
Rien n’est plus loin de la réalité. Près de 6% des canadiens (2 millions)
détiennent un permis de possession et d’acquisition d’armes à feu au Canada. Il
s’agit d’une minorité substantielle. Sans vouloir faire de comparaison boiteuse,
prendre ce nombre et l’affubler de l’étiquette « minorité » pour en
diminuer sa valeur revient à parler de la communauté gai (entre 5% et 10%)
comme d’une simple « minorité ».
Nous sommes en effet articulés pour la simple et bonne raison qu’après 25
ans de lobbysme anti arme à feu, il est maintenant évident qu’il n’y aura pas
de fin aux demandes immodérés des groupes de contrôle. Pendant 25 ans,
plusieurs législations et mesures ont été mises en place pour calmer ces
groupes. À chaque fois, les propriétaires d’armes à feu se sont résignés et ont
accepté ces mesures en se disant qu’il fallait mettre d’eau de son vin. Mais c’est
la bouteille de vin au complet qui est dans la mire de ces groupes. Il y a des
limites à être des boucs-émissaires pour des mesures qui criminalisent des gens
honnêtes. Nous avons ce droit de parole et de qualifier cette parole d’articulée
est une autre façon de détourner malhonnêtement le débat.
Cette communauté hétéroclite se distingue de plusieurs façons. Et l’une d’elle,
c’est son sens des responsabilités, contrairement au message mensonger et condescendant
de la coalition. Non seulement au niveau des armes à feu, mais à tous les
niveaux. Ces gens sont engagés dans leur communauté et sont souvent les
premiers à aider leurs prochains. Ce sont des gens de cœur ouverts et
dynamiques.
Les semi-automatiques
Dans le débat sur les armes à feu, parler des armes semi-automatiques
comme étant un danger potentiellement si grand qu’il faudrait s’en débarrasser
reviendrait à demander de bannir les voitures sportives pour contrer le
problème de l’alcool au volant. L’un n’a rien à voir avec l’autre.
Bien sûr le côté spectaculaire des nouvelles télévisées en provenance de
plusieurs évènements tristement célèbres fait vendre les journaux et les canaux
de nouvelle continue en font leurs choux gras. Mais une fois l’aspect visuel de
ces armes mis de côté, que reste-t-il? Les armes semi-automatiques sont
utilisées, avec raison, pour la chasse et le tir sportif. Ce sont des outils
intéressants et bien adaptées, sans plus.
La peur engendrée par le terme (souvent amalgamé au terme « arme d’assaut »)
est le nœud du problème. Pour les gens qui ne connaissent pas bien les armes à
feu, il n’y a qu’un pas entre « semi-automatique » et « automatique ».
Il n’y a qu’un pas entre « arme d’assaut » et « arme militaire ».
Ce sont des termes qui ont été sciemment utilisés depuis des années par les tenant
du contrôle avec la complicité des médias qui, au lieu de consulter des
spécialistes d’armes à feu pour faire des reportages qui visent à instruire,
sautent sur ces termes chargés émotivement pour rejoindre l’auditoire
recherché.
La vérité, c’est que le terme « semi-automatique » ne désigne
aucunement la force du projectile, le dessein de l’arme ni aucune autre de ses
caractéristiques. Il ne désigne que le fait qu’une fois qu’un projectile est tiré,
un nouveau projectile entre dans la chambre pour le coup suivant.
Le registre et la violence
conjugale
Selon la coalition, la destruction du registre des armes longues a eu entre
autre pour conséquence qu’il « devient impossible de retrouver le
propriétaire d’une arme à feu utilisée lors d’un crime, incluant les crimes de
nature conjugale ».
J’ai cherché longtemps. Avec détermination. Je n’ai trouvé aucun cas de
violence conjugale où, après avoir commit son crime, l’individu aurait caché ou
détruit l’arme du crime pour pouvoir s’en tirer en invoquant qu’il n’a pas d’arme.
C’est loufoque.
Soyons honnête, nous savons tous comment ces évènements malheureux se
terminent : la personne est – rarement – arrêtée ou elle finit – plus souvent
- par se suicider.
Dire qu’il en est autrement relève de la mauvaise fois et démontre à quel
point le mensonge est une tactique que ne répugne pas à utiliser ce groupe.
Polytechnique, le Mini-14
et la propagande
Il y a 25 ans, un individu malade, mal intentionné et criminel a fait
irruption à Polytechnique, créant le drame et la commotion que nous connaissons
tous. Il est évident que tous, propriétaires d’arme à feu ou non, déplorons ce
qui s’est passé. Je le mentionne car beaucoup croient que seules les femmes
présentes ce jour-là on le droit d’avoir une opinion sensée sur le sujet. Nous
sommes tous affectés par la tragédie humaine.
Pour les propriétaires d’armes à feu du Canada (et encore plus au
Québec), ceci marque malheureusement aussi le début de la désinformation et d’une
campagne de peur dont on parle encore aujourd’hui.
Seriez-vous surpris de savoir que ce drame pourrait se reproduire, en
tout point, encore aujourd’hui? En effet, la coalition, en ne proposant que des
mesures qui ne visent qu’à potentiellement criminaliser les honnêtes citoyens
depuis le début, tout le travail reste à faire car aucune mesure efficace et
digne de ce nom n’a été prise pour identifier, encadrer, traiter, aider ou enfermer
les individus dangereux.
25 ans de mesures pour rien!
Pourtant, ce sont ces mesures, inefficace et qui n’adressent en rien le
problème qui sont présentées jour après jour par la coalition comme un mantra.
L’inefficacité de ces mesures ne semble en rien les ralentir. Pourtant, aucune
loi, aucune mesure prise depuis le drame de Polytechnique ne permettrait de
freiner un individu malade de commettre un nouveau massacre.
La raison? Les lois mises en place depuis 25 ans visent les honnêtes
citoyens. Sur les 150 pages de la loi sur les armes à feu, 2 seulement
concernent les criminels en puissance ou avérés. Les 148 autres pages
consistent en diverses règles, toutes plus inefficaces les unes que les autres,
qui crée aléatoirement de nouveaux « criminels » pour des « crimes »
administratifs sans victime.
Au risque d’être mal compris, je vais tout de même exprimer mon sentiment :
je crois fermement que le choix de viser des femmes par Gamil
Gharbi ce jour-là à Polytechnique a permis à ces groupes de faire beaucoup de
chemin en posant en victimes un groupe, les femmes, qui devrait selon moi se
réclamer fières, fortes et autonomes. La violence faite aux hommes – dans la
plupart des tueries – passe inaperçue. Je trouve dommage que l’image de la
femme en soit réduite à cela : être utilisée pour leur propagande.
Mon opinion ne
diminue en rien le besoin réel de dénoncer et d’agir contre la violence envers
les enfants, les femmes et les hommes.
La vente d’armes peut être réalisée
sans vérifier le permis
J’ai sursauté lorsque j’ai lu ce mensonge. La coalition affirme sans
broncher qu’il est maintenant possible et permis de vendre une arme à feu à un
individu sans vérifier si ce dernier possède un PPA (Permis de possession et d’acquisition).
C’est un mensonge éhonté : il s’agit d’un acte qui relève du code
criminel!
La majorité des meurtres
par arme à feu sont perpétrés par arme longue
Faux! La majorité des meurtres par arme à feu au Canada sont perpétrés
par arme de poing. La très grande majorité par des armes illégales et non
enregistrées, reliées aux gangs de rue. Si la coalition était transparente et
désirait réellement se pencher sur le problème de la violence et des armes à
feu mal utilisées, elle se pencherait sur ce problème.
Avec ce type d’affirmation, il est évident que le but de ces gens est
ailleurs. Le contrôle des armes à feu n’a rien à voir avec les armes à feu,
mais tout à voir avec le contrôle.
Extrait du site de statistiques Canada :
« En 2011, les armes de poing étaient encore à l'origine de
près des deux tiers des homicides commis à l'aide d'une arme à feu. »
De plus, la majorité des meurtres
au Canada sont commis par couteau. Près de 210 par année, contre 158 par arme à
feu. Serait-il temps d’ouvrir un dialogue sur l’enregistrement des couteaux, où
est-ce la preuve que la cible ici, les armes à feu, est motivée par la
politique, la peur et l’incompréhension? Si la coalition était honnête dans son
message, elle devrait se pencher en priorité sur les meurtres par couteaux!
La présence d’arme à feu ne
crée pas de criminel
La coalition affirme que « la présence d’arme à feu dans une
situation de conflit conjugal augmente les risques de décès ».
Il y a deux points qui me dérangent dans cette demi-vérité. Le premier est
évident : il y a plus de risque de noyade dans une maison qui possède une
piscine que dans les maisons qui n’en ont pas! C’est un sophisme, une fausse
statistique.
Le deuxième point devrait être aussi évident. Malheureusement, la
coalition n’en parle pas alors que tout le problème est là : où se trouvent
les ressources – en particulier pour les hommes – lors de ces situations?
Comment les problèmes émotionnels et de santé mentale sont traités? Pourquoi,
dans une situation qui aurait due être repérée bien avant y a-t-il encore des
armes dans le foyer?
Il est frustrant de constater que les seuls groupes qui, présentement,
discutent de ces problèmes et cherchent des solutions viables, réalistes et qui
auraient un effet réel sur ces réalités sont les regroupements de propriétaires
d’armes à feu.
La coalition et les autres groupes se disent : retirons les armes à
feu. Le problème sera réglé. C’est irresponsable! Des solutions facile,
jetable, à des problèmes complexes.
La culture des armes à feu
au Canada
Contrairement à la croyance populaire véhiculée par ces groupes et
entretenue par la plupart des médias, la culture des armes à feu au Canada est
forte et grandit même de jour en jour. Après la mauvaise presse des dernières décennies,
la relève se fait sentir et l’intérêt est au rendez-vous autant pour le tir que
pour la chasse.
Cette démographie grandissante doit et sera entendue par les politiciens
dans les années à venir.
En tant que groupe, il est terminé le temps où nous acceptions d’être les
boucs-émissaires de mesures inefficaces, contre-productives et
discriminatoires.
Nous sommes plus que prêts à travailler pour émanciper le gens de ces
peurs ET trouver de vraies solutions aux problèmes qui nous occupent. Reste à
voir si la coalition aura l’honnêteté de s’attaquer à ce difficile défi ou si
elle continuera de présenter des solutions faciles, inadaptées, qui ne justifient
que les postes de ces personnes. Si la coalition prend cette route, elle se
discréditera d’emblée.
Si vous avez des questions sur les armes à feu, demandez à un expert. Nous
sommes une communauté ouverte, accueillante et toujours prête à expliquer le
fonctionnement de ces outils, la sécurité, le maniement et le plaisir de se
retrouver au champ de tir ou en pleine nature, seul ou avec des amis.
La violence par arme à feu est un problème de violence. Si on retire l’arme
à feu, il reste la violence. Si on retire la violence, il reste l’arme à feu.
Faites votre choix.
Sébastien Letellier
https://www.facebook.com/sletellier2
Sébastien Letellier
https://www.facebook.com/sletellier2
Tres bon article M. Letellier. Réfléchi et basé sur des faits. Félicitations pour cette analyse.
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