mardi 25 mars 2014

La coalition pour le contrôle des armes à feu vous ment!



En lisant récemment une brochure préparée par la coalition pour le contrôle des armes à feu, il m’est apparu important de rectifier les faits. Cette coalition veut l’abolition pur et simple des armes à feu à des fins civiles (chasse, compétitions, tir à la cible) et elle est prête à tout pour faire passer son message.

Mensonges, demi-vérités, chiffres manipulés ou provenant de ressources non référencées, tout les moyens malhonnêtes sont bons pour y arriver.

Une question s’est alors imposée à moi : s’il était si évident que les armes à feu sont la cause des problèmes de violence – notamment de la violence faite aux femmes – ne serait-il pas plus simple et efficace de simplement dire la vérité? L’épreuve des faits ne devrait-il pas à lui seul faire le travail? Si ce n’est pas le cas, si devant la réalité ils ont besoin d’artifices, c’est que nous sommes bien ici en présence d’un lobby dogmatique utilisant des tactiques douteuses.

Le monde des armes à feu est méconnu pour les néophytes. Il est donc facile de s’en tirer en utilisant la peur. La coalition l’a compris et en tire profit. La coalition vous ment, mais je tiens à rétablir les faits pour que les décisions se prennent en connaissance de cause.

Les statistiques : les armes longues

Tout au long de la brochure, ainsi que sur leur site, des chiffres trompeurs donnent l’impression qu’il y a un fléau d’homicide avec armes longues au Canada. Par exemple, la coalition dit  que « lorsqu’un conjoint est tué par arme à feu, il s’agit d’une arme longue dans 72% des cas ». Ce haut pourcentage donne l’impression d’une hémorragie de meurtres à l’arme longue.

Voici les chiffres :

« Au Canada, en 2009, 72 % des victimes masculines d’un homicide conjugal ont été tuées avec un couteau et 11 % l'ont été avec une arme à feu. Par contraste, les victimes féminines ont été tuées avec une arme à feu (26 %), suivie d’un couteau (22 %), de l'étranglement (22 %) et des coups (16 %).  »  


Combien donc d’homicide d’un conjoint par arme longue en 2009?

9.

Au Canada en entier!

Trop bien sûr, mais ce n’est l’image que donne le chiffre « 72% des cas ».

Les statistiques : la réduction des cas

Dans la même brochure, la coalition écrit : « Depuis 1995, quand le contrôle des armes à feu à commencé, les cas d’homicides conjugaux ont diminués de 69% ».

C’est en partie vrai. Mais ceci donne l’impression que la courbe descendante a débuté en 1995 et qu’elle est attribuable au contrôle sur les armes à feu.

Voici les chiffres :

« Au Canada, en 2009, le taux d'homicides sur une conjointe était le tiers de celui observé en 1979. Cette diminution serait en partie attribuable à la plus grande disponibilité des ressources offertes aux femmes victimes de violence, à la sensibilisation accrue du public, à une meilleure situation socioéconomique des femmes leur permettant de quitter plus rapidement une relation violente et aux changements de politiques relatifs au contrôle des armes à feu. »


C’est bien 69% de réduction, mais depuis 1979! Bien avant que le contrôle sur les armes à feu ait commencé. A-t-il aidé? Difficile à dire puisqu’il y a plusieurs éléments en cause ici, mais de 1979 à 1995, le courbe était amorcé et ce, sans aucun contrôle.

Les statistiques : autre

J’ai trouvé de telles anomalies, pour ne pas dire mensonges, dans toutes les statistiques présentées. Je ne vais pas les présenter une à une, mais je vous invite à les vérifier.

Wendy Cukier

Pour bien comprendre la raison d’être de ce mouvement, il faut comprendre sa fondatrice et activiste, Wendy Cukier. Elle est une académicienne reconnue dans les secteurs scientifiques, marketing et TI ainsi qu’en histoire social et culturel. En aucun cas elle n’est une experte dans le domaine des armes à feu et, à ma connaissance, elle n’est jamais venue vérifier la réalité sur le terrain avec des experts en ce domaine. 

En d’autres mots, son discours s’articule autours de l’intellectualisation d’un problème qu’elle ne connait pas au niveau pratique. Elle a été, de ses propres mots, horrifié par le drame de Polytechnique et, par réaction émotive, a fondé la coalition en question. Elle s’est donc créé un poste pour promouvoir ses vues qui, à terme, imposent à d’autres ses convictions. Même si le mensonge est un moyen d’y parvenir.

Violence conjugale

La violence conjugale est bien sûr un fléau qu’il faut combattre. Par contre, attaquer les armes à feu dans ce contexte, c’est viser la mauvaise cible. Si la coalition était réellement soucieuse d’aider à enrayer ce phénomène, elle s’attaquerait aux vrais problèmes, n’est-ce pas?

Pourtant, en aucun moment cette organisation ne parle ni ne demande de meilleures ressources en santé mentale, ni une meilleure éducation sociale, autant pour les hommes que pour les femmes. Il est prouvé que dans les pays émergents, pour contrer la pauvreté, la violence, la faim et bien d’autres problèmes, il faut commencer par redonner pouvoir et éducation aux femmes.

Que nous propose la coalition? Poser en victimes les femmes en leur retirant leur pouvoir d’action, ignorer l’éducation de tous pour une société plus saine, ne pas aborder le problème criant en santé mentale et attaquer quelques millions de propriétaires responsables et respectueux des femmes, des lois et de la vie comme la source probable du Mal.

Il ne faut pas aller loin dans notre mémoire collective pour penser à une situation malheureuse où la violence conjugale a connu le summum de l’horreur sans qu’une arme à feu ne soit utilisée. Posons la question de façon crue et claire : si une arme à feu avait été utilisée dans ce cas, est-ce que ce drame aurait été plus ou moins horrible? La réponse, évidemment, nous permet de comprendre que l’outil utilisé ne change en rien la situation et que sa disponibilité n’est pas une cause de violence.

Un dernier point sur le sujet : qu’est-ce qu’une personne violente fait en possession d’armes à feu? Jamais dans le discours du groupe de pression la question n’est posée. Pourtant c’est un élément central. Si la coalition était vraiment sérieuse et honnête, elle demanderait de retirer les armes à feu des milieux violents tout en laissant les citoyens pacifiques jouir de leurs droits et libertés. L’idée de punir les gens honnêtes pour les gestes de criminels est une aberration et un aveu d’incompétence.

L’accès facile

La coalition pour le contrôle des armes à feu veut vous faire croire que l’accès aux armes à feu est facile. Au Canada, l’accès n’est ni facile, ni rapide. Entre le moment où j’ai décidé de me procurer un permis et le moment où j’ai pu tenir en main ma première arme à feu, il à fallu 10 mois. 

Pendant ce temps, j’ai dû passer 5 cours distincts, avec examen, pour les différentes classes d’armes et les différentes activités qui m’intéressaient. J’ai dû me soumettre à une enquête de type criminelle par la Sûreté du Québec pour vérifier mes antécédents, ma conjointe a été interviewée et j’ai dû rencontrer un policier en face à face.

Depuis, je sais que je suis soumis quotidiennement aux contrôles de la GRC.

Les droits de la minorité

La coalition parle des revendications pour des lois plus sensées sur les armes à feu au Canada en ces termes : « Une minorité articulée qui revendique le droit d’avoir des armes sans contrôle et sans responsabilité ».

Rien n’est plus loin de la réalité. Près de 6% des canadiens (2 millions) détiennent un permis de possession et d’acquisition d’armes à feu au Canada. Il s’agit d’une minorité substantielle. Sans vouloir faire de comparaison boiteuse, prendre ce nombre et l’affubler de l’étiquette « minorité » pour en diminuer sa valeur revient à parler de la communauté gai (entre 5% et 10%) comme d’une simple « minorité ».

Nous sommes en effet articulés pour la simple et bonne raison qu’après 25 ans de lobbysme anti arme à feu, il est maintenant évident qu’il n’y aura pas de fin aux demandes immodérés des groupes de contrôle. Pendant 25 ans, plusieurs législations et mesures ont été mises en place pour calmer ces groupes. À chaque fois, les propriétaires d’armes à feu se sont résignés et ont accepté ces mesures en se disant qu’il fallait mettre d’eau de son vin. Mais c’est la bouteille de vin au complet qui est dans la mire de ces groupes. Il y a des limites à être des boucs-émissaires pour des mesures qui criminalisent des gens honnêtes. Nous avons ce droit de parole et de qualifier cette parole d’articulée est une autre façon de détourner malhonnêtement le débat.

Cette communauté hétéroclite se distingue de plusieurs façons. Et l’une d’elle, c’est son sens des responsabilités, contrairement au message mensonger et condescendant de la coalition. Non seulement au niveau des armes à feu, mais à tous les niveaux. Ces gens sont engagés dans leur communauté et sont souvent les premiers à aider leurs prochains. Ce sont des gens de cœur ouverts et dynamiques. 

Les semi-automatiques

Dans le débat sur les armes à feu, parler des armes semi-automatiques comme étant un danger potentiellement si grand qu’il faudrait s’en débarrasser reviendrait à demander de bannir les voitures sportives pour contrer le problème de l’alcool au volant. L’un n’a rien à voir avec l’autre.

Bien sûr le côté spectaculaire des nouvelles télévisées en provenance de plusieurs évènements tristement célèbres fait vendre les journaux et les canaux de nouvelle continue en font leurs choux gras. Mais une fois l’aspect visuel de ces armes mis de côté, que reste-t-il? Les armes semi-automatiques sont utilisées, avec raison, pour la chasse et le tir sportif. Ce sont des outils intéressants et bien adaptées, sans plus. 

La peur engendrée par le terme (souvent amalgamé au terme « arme d’assaut ») est le nœud du problème. Pour les gens qui ne connaissent pas bien les armes à feu, il n’y a qu’un pas entre « semi-automatique » et « automatique ». Il n’y a qu’un pas entre « arme d’assaut » et « arme militaire ». Ce sont des termes qui ont été sciemment utilisés depuis des années par les tenant du contrôle avec la complicité des médias qui, au lieu de consulter des spécialistes d’armes à feu pour faire des reportages qui visent à instruire, sautent sur ces termes chargés émotivement pour rejoindre l’auditoire recherché.

La vérité, c’est que le terme « semi-automatique » ne désigne aucunement la force du projectile, le dessein de l’arme ni aucune autre de ses caractéristiques. Il ne désigne que le fait qu’une fois qu’un projectile est tiré, un nouveau projectile entre dans la chambre pour le coup suivant.

Le registre et la violence conjugale

Selon la coalition, la destruction du registre des armes longues a eu entre autre pour conséquence qu’il « devient impossible de retrouver le propriétaire d’une arme à feu utilisée lors d’un crime, incluant les crimes de nature conjugale ».

J’ai cherché longtemps. Avec détermination. Je n’ai trouvé aucun cas de violence conjugale où, après avoir commit son crime, l’individu aurait caché ou détruit l’arme du crime pour pouvoir s’en tirer en invoquant qu’il n’a pas d’arme. C’est loufoque.

Soyons honnête, nous savons tous comment ces évènements malheureux se terminent : la personne est – rarement – arrêtée ou elle finit – plus souvent - par se suicider.

Dire qu’il en est autrement relève de la mauvaise fois et démontre à quel point le mensonge est une tactique que ne répugne pas à utiliser ce groupe.

Polytechnique, le Mini-14 et la propagande

Il y a 25 ans, un individu malade, mal intentionné et criminel a fait irruption à Polytechnique, créant le drame et la commotion que nous connaissons tous. Il est évident que tous, propriétaires d’arme à feu ou non, déplorons ce qui s’est passé. Je le mentionne car beaucoup croient que seules les femmes présentes ce jour-là on le droit d’avoir une opinion sensée sur le sujet. Nous sommes tous affectés par la tragédie humaine.

Pour les propriétaires d’armes à feu du Canada (et encore plus au Québec), ceci marque malheureusement aussi le début de la désinformation et d’une campagne de peur dont on parle encore aujourd’hui.

Seriez-vous surpris de savoir que ce drame pourrait se reproduire, en tout point, encore aujourd’hui? En effet, la coalition, en ne proposant que des mesures qui ne visent qu’à potentiellement criminaliser les honnêtes citoyens depuis le début, tout le travail reste à faire car aucune mesure efficace et digne de ce nom n’a été prise pour identifier, encadrer, traiter, aider ou enfermer les individus dangereux.

25 ans de mesures pour rien!

Pourtant, ce sont ces mesures, inefficace et qui n’adressent en rien le problème qui sont présentées jour après jour par la coalition comme un mantra. L’inefficacité de ces mesures ne semble en rien les ralentir. Pourtant, aucune loi, aucune mesure prise depuis le drame de Polytechnique ne permettrait de freiner un individu malade de commettre un nouveau massacre.

La raison? Les lois mises en place depuis 25 ans visent les honnêtes citoyens. Sur les 150 pages de la loi sur les armes à feu, 2 seulement concernent les criminels en puissance ou avérés. Les 148 autres pages consistent en diverses règles, toutes plus inefficaces les unes que les autres, qui crée aléatoirement de nouveaux « criminels » pour des « crimes » administratifs sans victime.

Au risque d’être mal compris, je vais tout de même exprimer mon sentiment : je crois fermement que le choix de viser des femmes par Gamil Gharbi ce jour-là à Polytechnique a permis à ces groupes de faire beaucoup de chemin en posant en victimes un groupe, les femmes, qui devrait selon moi se réclamer fières, fortes et autonomes. La violence faite aux hommes – dans la plupart des tueries – passe inaperçue. Je trouve dommage que l’image de la femme en soit réduite à cela : être utilisée pour leur propagande.

Mon opinion ne diminue en rien le besoin réel de dénoncer et d’agir contre la violence envers les enfants, les femmes et les hommes.

La vente d’armes peut être réalisée sans vérifier le permis

J’ai sursauté lorsque j’ai lu ce mensonge. La coalition affirme sans broncher qu’il est maintenant possible et permis de vendre une arme à feu à un individu sans vérifier si ce dernier possède un PPA (Permis de possession et d’acquisition). C’est un mensonge éhonté : il s’agit d’un acte qui relève du code criminel!

La majorité des meurtres par arme à feu sont perpétrés par arme longue

Faux! La majorité des meurtres par arme à feu au Canada sont perpétrés par arme de poing. La très grande majorité par des armes illégales et non enregistrées, reliées aux gangs de rue. Si la coalition était transparente et désirait réellement se pencher sur le problème de la violence et des armes à feu mal utilisées, elle se pencherait sur ce problème.

Avec ce type d’affirmation, il est évident que le but de ces gens est ailleurs. Le contrôle des armes à feu n’a rien à voir avec les armes à feu, mais tout à voir avec le contrôle.

Extrait du site de statistiques Canada :

« En 2011, les armes de poing étaient encore à l'origine de près des deux tiers des homicides commis à l'aide d'une arme à feu. »


De plus, la majorité des meurtres au Canada sont commis par couteau. Près de 210 par année, contre 158 par arme à feu. Serait-il temps d’ouvrir un dialogue sur l’enregistrement des couteaux, où est-ce la preuve que la cible ici, les armes à feu, est motivée par la politique, la peur et l’incompréhension? Si la coalition était honnête dans son message, elle devrait se pencher en priorité sur les meurtres par couteaux!

La présence d’arme à feu ne crée pas de criminel

La coalition affirme que « la présence d’arme à feu dans une situation de conflit conjugal augmente les risques de décès ».

Il y a deux points qui me dérangent dans cette demi-vérité. Le premier est évident : il y a plus de risque de noyade dans une maison qui possède une piscine que dans les maisons qui n’en ont pas! C’est un sophisme, une fausse statistique.

Le deuxième point devrait être aussi évident. Malheureusement, la coalition n’en parle pas alors que tout le problème est là : où se trouvent les ressources – en particulier pour les hommes – lors de ces situations? Comment les problèmes émotionnels et de santé mentale sont traités? Pourquoi, dans une situation qui aurait due être repérée bien avant y a-t-il encore des armes dans le foyer?

Il est frustrant de constater que les seuls groupes qui, présentement, discutent de ces problèmes et cherchent des solutions viables, réalistes et qui auraient un effet réel sur ces réalités sont les regroupements de propriétaires d’armes à feu. 

La coalition et les autres groupes se disent : retirons les armes à feu. Le problème sera réglé. C’est irresponsable! Des solutions facile, jetable, à des problèmes complexes.

La culture des armes à feu au Canada

Contrairement à la croyance populaire véhiculée par ces groupes et entretenue par la plupart des médias, la culture des armes à feu au Canada est forte et grandit même de jour en jour. Après la mauvaise presse des dernières décennies, la relève se fait sentir et l’intérêt est au rendez-vous autant pour le tir que pour la chasse.

Cette démographie grandissante doit et sera entendue par les politiciens dans les années à venir.

En tant que groupe, il est terminé le temps où nous acceptions d’être les boucs-émissaires de mesures inefficaces, contre-productives et discriminatoires.

Nous sommes plus que prêts à travailler pour émanciper le gens de ces peurs ET trouver de vraies solutions aux problèmes qui nous occupent. Reste à voir si la coalition aura l’honnêteté de s’attaquer à ce difficile défi ou si elle continuera de présenter des solutions faciles, inadaptées, qui ne justifient que les postes de ces personnes. Si la coalition prend cette route, elle se discréditera d’emblée.

Si vous avez des questions sur les armes à feu, demandez à un expert. Nous sommes une communauté ouverte, accueillante et toujours prête à expliquer le fonctionnement de ces outils, la sécurité, le maniement et le plaisir de se retrouver au champ de tir ou en pleine nature, seul ou avec des amis.

La violence par arme à feu est un problème de violence. Si on retire l’arme à feu, il reste la violence. Si on retire la violence, il reste l’arme à feu. Faites votre choix.

Sébastien Letellier
https://www.facebook.com/sletellier2

1 commentaire:

  1. Tres bon article M. Letellier. Réfléchi et basé sur des faits. Félicitations pour cette analyse.

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